Préliminaire : Cet « article » date de 1976. J’avais 33 ans. Il ne considère l’Arbre de Vie que dans sa représentation en deux dimensions (la plus courante) ; alors que si on lit bien le Sepher Yetzirah l’Arbre de vie peut-être représenté en trois dimensions.
voir l'article "l'Arbre de Vie en trois dimensions" ci-dessous !
LES DIFFERENTS PLANS D’INSPIRATION DANS LA MUSIQUE :
Il est bien évident que les idées exprimées ici sont strictement personnelles et n’engagent que moi. Elles sont le fruit de méditations appliquées au domaine particulier de la musique par le canal universel de l’arbre de vie.
La source de cet écrit n’est donc pas intellectuelle ; ce qui veut dire qu’on pourra le discuter à perte de vue si on reste sur le plan de l’intellect.
Longtemps j’ai été obsédé par les plans de conscience d’où les artistes en général et les musiciens en particulier recevaient leurs inspirations. Avant de connaître la Kabbale j’en pressentais déjà son sublime symbolisme.
On sait beaucoup de chose sur la vie des musiciens mais pour la grande majorité d’entre eux c’est le silence absolu à propos de leurs inspirations. Bien peu en ont parlé et ils ne pouvaient guère le faire tant il est notoire que l’inspiration se reçoit dans un état second proche de l’inconscient. Un artiste suffisamment sincère et objectif avec lui-même sera toujours d’accord pour reconnaître que son œuvre n’est pas de lui. A peine l’est-elle peut-être pour la forme et ce que Cocteau a écrit à ce sujet dans la scène principale de son film « le testament d’Orphée » est fort intéressant. Les vrais « missionnés » sont dépassés par leurs œuvres que le public porte ENSUITE à un sommet qui étonne l’auteur lui-même : il y trouve des choses que l’artiste n’avait pas mises consciemment.
Toute vraie mission nous transcende et se passe dans une inconscience relative au niveau de l’être intérieur, qui n’est pas du plan objectif. Nous devenons un canal où la conscience objective ne joue qu’un rôle secondaire C’est toujours dans une forme d’inconscience qui donne l’AUDACE que le pas en avant est fait. Qui s’arrête au « qu’en dira-t-on ? » se limite et devient la victime des conventions sociales destructrices. Une véritable inspiration bouscule les conventions. Notre véritable conseiller est notre être intérieur.
Finalement quelle différence y a-t-il entre Johny Hallyday et Mozart ? Car toute la question est là : en dehors du style et du siècle c’est la même gamme et les mêmes douze notes. De même qu’avec douze notes on peut faire des musiques aussi différentes que ces deux-ci, de même avec la Kabbale on peut faire de bons ou de mauvais ouvriers alors que la technique est la même et les outils semblables.
Nous allons passer en revue les quatre mondes et les expliquer, ensuite nous les illustreront d’exemples afin de comprendre que LE MOULE DE NOS GAMMES ACTUELLES S’APPLIQUE A TOUS LES NIVEAUX D’INSPIRATION.
ATZILUTH
Nous allons grouper ensemble les trois zephyroth supérieures.
Le triangle de Kether, pour moi, en musique, c’est le silence.
De même qu’il existe sur Malkuth, paraît-il, une onde silencieuse, que certaines personnes auraient entendue dans de grands déserts – onde qui serait, pour ainsi dire, la vibration non modulée des sons physiques, (semblable à l’onde porteuse d’un émetteur radio) – de même le silence du triangle de Kether est la base (bien qu’elle soit au sommet…) d’où vont naître les différents niveaux d’inspiration. Sans elles les Chœurs Célestes ne seraient pas.
Mais alors, me direz-vous, si le silence correspond à Kether, le silence est supérieur à la musique ? Cela est évident, rien n’est plus beau que le silence et tout mystique en connaît la vertu.
Il existe un état de conscience qui confère l’amour du silence là où le silence n’est pas considéré comme l’absence de la musique mais comme de la musique sublimée, ce qui est bien différent. Dans cet état de conscience les pages les plus sublimes que les Hommes, dans leur quête éperdue du royaume oublié, ont écrites, paraissent un grossier tintamarre.
Ces états, hélas, durent peu, non seulement du fait que l’Homme, de par sa nature, ne peut maintenir un équilibre aussi élevé, mais aussi par le fait que l’habitude est chose puissante et que la coutume que nous a donné notre époque de vivre perpétuellement bercés par des musiques diverses, ne s’abandonne pas en un jour !
Ainsi peut-on dire : au commencement et à la fin est le Silence.
Entre le silence et le premier jour (Chesed) je situe le CHANT GREGORIEN. Ne représente-t-il pas la forme la plus dépouillée qui soit et n’inspire-t-il pas FORCE ET PAIX réunis, c’est à dire l’inspiration la plus élevée qui soit ?…
BRIAH
Nous ne pouvons guère non plus séparer les trois zephyroth de Briah comme plan d’inspiration car les atteindre est exceptionnel.
Etre inspiré par CHESED est une exceptionnelle miséricorde mais insuffisante pour écrire de la musique. Un artiste qui n’aurait connu qu’un contact à ce niveau risque d’errer ensuite dans d’épaisses illusions tant il aurait été ébloui par son illumination sonore.
Au mieux, lui seul serait conscient de son expérience, mais il serait absolument incapable de la communiquer à d'autres.
On ne ressent cette sphère que dans de rares œuvres (celles d’ailleurs qui sont bien assises en Yetzirah). Ce sont certains sommets d’œuvres religieuses (MONTEVERDI, HAENDEL). L’inspiration est élevée mais ne peut être ici qu’entrevue par l’auditeur car on ne peut guère manifester Chesed et encore moins s’y maintenir.
Cette zephyra peut également intervenir dans des œuvres musicales secondaires car elle peut apparaître alors que la maîtrise n’est pas complète (ce que nous expliquerons plus loin). Certaines mesures de GOUNOD par exemple la laissant entrevoir. En considérant l’Arbre de vie nous voyons que cette zephyra peut influencer Hod par son rayonnement diagonal. Les œuvres du niveau de Hod peuvent donc recevoir certains éclairs élevés mais ce reflet passe souvent pour un côté désuet.
GEBURAH : C’est à mon avis la grande Zephira des grands Maîtres musiciens. Elle donne force, énergie et audace. Elle protège mais elle CONSUME. Semblable à son double GEDULAH elle ne se manifeste que dans des « pointes », des « excès » si vous voulez. Ce ne sont pas des niveaux d’inspiration mais des reflets, des pics, sur lesquels on ne peut se maintenir. C’est par ces sommets que le lyrisme, dans le grand sens du terme, particulier à tel ou tel musicien, apparaît.
Geburah possède la redoutable vertu de transcender la forme.
Geburah INSPIRE (au niveau des Archives Akashiques que nous verrons tout à l’heure) et IMPOSE la forme.
Alors que Chesed donne les inspirations fondamentales Geburah inspire la forme nécessaire pour commencer à manifester. Nous voyons une réplique sur un plan inférieur de Hochmah et de Binah. Ainsi un musicien non maître de sa technique peut-il trouver d’emblée les moyens pratiques pour manifester « sa » musique, tant il est vrai que la mission (et l’une des vertus de l’initiation) est d’arriver à manifester dans la matière, pour le plus grand bien de nos frères humains les inspirations intérieures qui nous sont données.
L’initié, maître de sa vie, travaille dans la matière, pour et parmi les Hommes. Il n’a pas peur de retrousser ses manches en matérialisant ses inspirations. Le rêve n’est pas l’initiation et encore moins la maîtrise. Le rêve est fuite et impuissance, mais la mythomanie, hélas, envahit de plus en plus ce monde.
Pour revenir à Geburah, par-delà un apparent CHAO, une forme, une technique révolutionnaire et audacieuse pourra se manifester, sans que la maîtrise de Tipheret (que nous allons voir) soit nécessaire.
La grande vertu de Geburah c’est qu’elle inspire au niveau d’Akasha ou niveau de la mémoire universelle Jungienne.
Il ne fait aucun doute que WAGNER a été inspiré en grande partie par cette zephira (d’autres sommets sublimes chez lui vont à Chesed maîtrisé par l’admirable technique de Tipheret).
C’est en Geburah qu’on peut faire revivre des mythes et des époques enfouis dans l’inconscient collectif et c’est ce que Wagner a fait. L’Homme revit alors et se souvient.
D’une façon confuse il reçoit alors une grande initiation.
Wagner, à la recherche, comme tout le monde, de son Maître Intérieur, n’a-t-il pas eu la mission secrète (et inconnue de lui), de faire vibrer dans l’âme des peuples, pour la première fois depuis longtemps, entre autre, l’idéal Templier ? Le choix de certains sujets ne laissant aucun doute : le Graal, la Chevalerie etc…
DEBUSSY, si loin de Wagner par la forme, a puisé à la même zephyra. Sa musique aquatique éveille en nous nos souvenirs atlantéens. Lui non plus ne préparait-il pas, dans la conscience des peuples, une autre résurgence, plus dramatique dans son côté aquatique ? Car il est vrai, vous le savez, qu’avant de ressurgir dans le monde manifesté, les choses doivent lentement DESCENDRE dans les consciences ?
Une mission est toujours « à cheval » sur plusieurs incarnations.
A partir de TIPHERET nous abordons le monde de la forme maîtrisée.
C’est la Maîtrise géniale.
Alors que nous verrons Netzach être la maîtrise, Tipheret revêt le côté génial du fait des irradiations équilibrées de ces deux sommets que nous venons de voir : Gedulah et Geburah.
Alors que Chesed est un niveau de conscience éblouissant et trop élevé pour pouvoir être manifesté, que Geburah peut inspirer une technique audacieuse ou chaotique, Tipheret est la sphère de la maîtrise transcendée nécessaire pour équilibrer ces deux sommets. Le problème de la forme ne se pose plus car elle est impliquée dans l’inspiration. Moule et contenant apparaissent ensemble car nous savons qu’être à Tipheret implique avoir la maîtrise du monde astral que nous étudierons tout à l’heure. C’est le triomphe formel de BACH et de tous les compositeurs de premier plan : BEETHOVEN, WAGNER, DEBUSSY et J.S. BACH dans ses inspirations mathématiques et mystiques.
YETZIRAH
Dans le monde de Yetzirah, les trois niveaux d’inspiration peuvent être distingués.
NETZACH : C’est le sommet pour beaucoup. C’est la maîtrise mais sans le génie de Tipheret. C’est l’inspiration dans ce qu’elle a d’universelle au niveau humain lequel n’est guère transcendé dans cette zephira.
C’est la forme sagement maîtrisée d’un MOZART qui est le maître incontestable de cette sphère sur laquelle il règne de façon souveraine mais qu’il ne transcende pas à cause, à mon avis, d’un équilibre trop grand de la forme. Trop de perfection dans la manifestation rompt les contacts suprêmes qui eux, apportent toujours quelque déséquilibre. C’est Chesed à un degré inférieur. De même, on trouve ici les génies sauvages, ayant reçu leur illumination sans avoir travaillé la forme , ou peu : BERLIOZ, MOUSSORGSKY. En littérature j’y vois RIMBAUD.
Netzach bénéficiant des vibrations diagonales de Geburah aide la manifestation de ces inspirations sauvages.
C’est dans cette zephyra que je vois l’inspiration romantique puisée dans les éléments naturels. Les enseignements Martinistes ne disent-ils pas : « la septième page du Livre de l’Homme parle des vents et des marées et elle indique comment ces phénomènes correspondent à la tempête à l’échelle géographique de l’Homme » ?
Et la page 4 du livre de la Nature ne dit-elle pas que « l’Homme et la Nature sont deux aspects du Tout » ?
Je pense que l’époque romantique a ouvert le livre de la Nature laissant aux grands Maîtres tels que GOETHE, VICTOR HUGO, WAGNER ou BEETHOVEN par exemple de l’enrichir du répertoire Akashique ; car il y a des cycles où les artistes se penchent tantôt sur un livre, tantôt sur l’autre, tantôt sur une page, tantôt sur l’autre, mais ceci est un autre sujet.
HOD : C’est l’académisme. La forme maîtrisée, mais uniquement la forme. C’est aussi un mini-Akasha. Akasha se manifestant d’une manière cyclique sur Malkuth à-travers Hod dont l’un des aspects n’est jamais inscrit en astral étant soumis au libre-arbitre de l’Homme.
Musicalement j’y vois les « études », les hymnes nationaux, les musiques folkloriques et les œuvres de commande, les fugues et les contrepoint non inspirés, bref les musiciens académiques, ceux qui n’ont pas compris que l’inspiration transcende les Ecoles. J’y vois LULLY, RAMEAU, MOZART, LISZT, GOUNOD, SAINT-SAENS dans leurs œuvres mineures puis, plus proche de nous, HONEGGER et MILHAUD.
Si Geburah fait appel aux Archives Akashiques Hod, mini-reflet de Geburah concerne les Nations et les peuples, c’est la raison pour laquelle je vois cette zephyra inspirant les hymnes Nationaux et les musique folkloriques.
La maîtrise de Hod est limitée ; obtenir la maîtrise de Netzach n’est pas la suite logique de la maîtrise de Hod car tel n’est pas le sens du chemin du retour. Hod ne donne pas l’illumination de Netzach alors que : de Netzach on peut descendre en Hod pour travailler la forme.
La technique n’a jamais donné l’inspiration. Ce qu’il faut c’est recevoir d’abord l’illumination afin de pouvoir redescendre ensuite, dans la forme, en Maître, sans s‘y laisser engluer.
YESOD : C’est la grande Illusion, la musiquette, les variétés, c’est l’illusion du beau, l’illusion de la musique. Ceux qui sont englués dans ces illusions musicales (compositeurs et auditeurs) auront bien du mal à atteindre Netzach ni même Hod, car ils auraient alors à franchir les redoutables 28è et 30è sentiers et leur amour du gain ne leur en donnera jamais l’audace ni le courage. Ils piétineront…
Toutes ces sphères d’inspirations sont en réalité mal définissables et nul compositeurs n’y séjourne vraiment. On est toujours « à cheval » entre deux zephyroths dans les sentiers intercalaires ; et les sentiers les plus peuplés sont sans contest les 27è et 25è sentiers, entre Hod et Netzach.
Nous allons de « beaucoup de couleur nationale » à « peu de couleur nationale » ce qui implique tout de suite le niveau d’inspiration et la forme, car si vous réfléchissez un peu, vous verrez que la forme est liée à la couleur nationale.
De Hod à Netzach nous allons ainsi de JOHAN STRAUSS à MOZART, des danses folklorique de BRAHMS à son Requiem Allemand, par exemple.
Les auditeurs mondains et superficiels qui n’entendent dans la musique que la forme extérieure et « charmante » ne dépassent pas le niveau de Yesod dans leur conscience réceptive.
ENTRE YESOD ET MALKUTH dans le chemin sans issue du terrible 32è sentier nous trouvons la MUSIQUE CONCRETE, très proche de la matière. Au début elle ne dépassait guère la sphère de Yesod. Mais les techniques électroniques et numériques ont atteint un tel niveau de sophistication qu’elle peut cependant, par éclairs, tenter d’approcher Netzach, à moins qu’elle ne se laisse dévorer par les terribles Qliphoth qu’elle effleure parfois.
ASSIAH
MALKUTH :
C’est la matière, la musique manifestée à trois vibrations.
Dans ce monde, l’arrivée de la troisième vibration est le grand mystère, le porche suprême, la sublime initiation. Ce sont les mystères de l’incarnation et de la mort.
Le mystère de la création artistique se trouve à cette frontière. C’est le mystère de la communication entre les Etres, entre les Mondes : partant d’un monde intérieur l’artiste est obligé de descendre dans la matière pour faire appréhender un état similaire dans l’oreille de l’auditeur.
Or cette manifestation matérielle apporte une déviation inévitable de l’inspiration.
La gamme musicale occidentale est une gamme approchée « tempérée », que Bach a magistralement utilisée.
Nous n’entendons que l’ombre de l’inspiration (Yesod) ce qui en est le plus approchant, car la gamme originelle, très élevée, produit un sentiment de paix et de force caractéristique de son haut niveau d’équilibre.
CONCLUSION
De tous temps les artistes ont tenté de déchiffrer les dix pages du livre de l’Homme, Milton, Dante (et Beethoven par exemple dans ses neuf symphonies) ; mais nous savons que le privilège de lire le livre tout entier nous a été perdu.
Or, dans le monde de la musique, depuis le Grégorien jusqu’à nos jours, le livre entier a cependant été parcouru.
Sâr ANPIN
voir aussi :